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Un espace de textes, poèmes, écrits musicaux, articles et chroniques... 
Est une manière comme une autre de résister au mouvement global de la pensée unique.

L'envie de garder un oeil ouvert sur des questions comme la liberté des femmes, le droit des enfants, le respect de la dignité humaine et des fruits de la terre... 

 Reflète la nécessité de se positionner face aux différents formes d'adversité nées de la modernité.


L'arrière pays d'Alcântara, Maranhão, Brésil (Copyright Maracá)




Chez nous, Sagesse se dit "arandú", ce qui signifie sentir le temps.

Peuple Guarani d'Amazonie


Ce n'est pas la rigueur qui te conduira où tu veux aller,
Ce n'est pas l'ascèse, ni la souffrance, ni ce que tu crois avoir compris.
C'est l'épice. Le parfum de la force aimante.

Chaman de la Sierra Grande


L'homme possède peut-être une centaine de sens et avec la mort 
seuls disparaissent les cinq que nous connaissons.
Mais les quatre-vingt-quinze autres continueront à vivre.

José Balza

L'intégration ne s'est jamais faite par l'intérêt et l'argent,
Mais par le fil conducteur de la culture,
Par ce dense tissu fait de différents brins,
Unis par des valeurs partagées.

Federico Mayer


"La grande invention des Indiens, c'est le silence. Ils en sont obsédés. 
Non pas un silence passif, triste, méditatif, mais une absence de bruit, 
comme cela, dans tous les actes de la vie quotidienne, qui est à la fois 
une défense et une attaque. Les animaux sauvages ne font pas de bruit. 
Ils avancent dans la forêt sans faire craquer une brindille, sans un souffle. 
Ils glissent sur leurs pattes élastiques. Même les oiseaux sont silencieux. 
Ce qui étonne dans la jungle, ce qui est vite insoutenable, 
c'est le silence épais, profond, menaçant, le silence qui règne partout.
Les pouvoirs du silence, l'homme indien les connaît d'instinct. 
S'il se méfie du langage, de l'expression, c'est qu'il est conscient 
des dangers qu'ils comportent. Le langage parlé n'est pas seulement 
un moyen 
de communiquer avec le monde; en fait, il peut être une trahison, 
une exposition de soi-même.(...) Le langage est fermé. 
C'est un acte qui n'est pas gratuit, qui ne peut être inconscient. 
Parler est la propriété des hommes, leur affirmation d'existence.(...)
L'Indien traverse la vie à l'intérieur d'un monde silencieux. 
Les arbres, les plantes, les animaux, les fleuves, le ciel, les insectes, 
rien ne parle. Ça et là, quelques îlots de tumulte. Quelques fêtes, 
quelques paroles, des chants, des bruits de tambour et de flûte. 
Mais la plus grande part de sa vie, il l'aura vécue sans bruit, muettement.
Comment rencontrer un tel silence? Nos cités sont pleines de bruit, 
de cris, de hurlements, de fracas assourdissants. Aux carrefours, 
les hauts-parleurs gueulent sans cesse tous les mots, les ordres, l
es slogans. 
Dans les caves de béton, les guitares électriques hurlent, tous le temps, 
et les saxophones déchirent l'air. Il y a tellement de bruit dans 
les rues des villes, 
que le coeur bat très vite et les mains transpirent. Il y a de 
telles explosions, 
de tels fracas qui se déploient à toute vitesse en envoyant dans l'espace 
leurs ondes concassées, en jetant leurs angles durs, en fissurant les murs, 
les vitres et la peau des hommes. Comment être silencieux?
Il y a tellement de mots qui multiplient leur engeance, qui naissent 
à chaque seconde, des mots terribles et beaux, des mots, des mots. 
Celui qui ne parle pas va peut-être mourir. Celui qui refuse de parler,
 qui serre les dents et résiste au flot des mots, peut-être qu'on va le tuer." 
L'effacer de la terre.

J.M.G LE CLEZIO, Haï.