Duplicité


Tu es l'hôte de mon coeur
Enfant traître sans scrupules
La passion dévore le corps
Toi, tu as la place d'honneur

Mes pensées tissent des toiles
Qui m’éloignent de ton ciel
Tu me reprends, violent
M’empêche de mettre la voile

Je retrouve les instincts
Qui ont fait de nous un fauve
De la peur et des tourments
Il ne me restera plus rien

Tu danses et ris à la droite
De la figure de ce père
Qui montre encore une route
Sombre, sinueuse, étroite

Soleil d’octobre, pluie d’avril
M’ennivrer de tes luxures
Radeau de toutes les folies
Je t’aime mon Brésil


Tu m'as invitée à naître
Dans une ville inconnue
N’en parlant pas la langue
Je m’y retrouve mise à nu

À présent mon cœur est noir
La négritude m’as adoptée
Montré d’autres possibles
Sauvée de tout désespoir

Tu me dis de revenir
Me montrant l’ancien berceau
D’une enfance fleurie
Mais que vais-je devenir

Sinon l’hôte d’un banquet
Préparé dans le silence
À l’instar de ceux qui restent
Dans mon cœur, mis au secret

Neige d’hiver, pluie d’été
J’aurai toujours deux amours
Petit pays qui est le miens
Père de toujours, ma fidélité

Constance Cunha
São Luís, Maranhão, 2006, Journées de la francophonie

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