Quarante-neuf enfants
Quarante-neuf enfants sur le sol.
Quarante-neuf enfants déposés sur le dos.
Quarante-neuf petits corps maigres,
Jambes ouvertes, bras oubliés, désarticulés.
Quarante-neuf enfants le corps en sang,
Les yeux ouverts perdus dans le vide,
Le regard absent,
Miroir
Nous renvoyant à nous-mêmes,
Spectateurs passifs de l’horreur.
Monde d’adultes;
Perfide,
Sanglant,
Mercantile,
Puant,
Opportuniste monde d’adultes!
À l’aube du vingt-et-unième des siècles
De l’histoire de l’humanité,
À l’apogée des ères techniques, technologiques,
Scientifiques, philosophiques, mercantiles,
L’homme vend encore l’homme,
La femme se vend et se vend encore,
L’homme tue l’homme encore et toujours,
Tout se vend, tout s’achète,
La liberté, le droit, les rêves et les lois,
Les désirs de changements,
... Et les enfants.
Lorsqu’un enfant meurt,
Tout cesse de vivre.
Lorsqu’un enfant meurt,
C’est le futur qui s’avorte.
Mais lorsqu’un homme assassine un enfant,
C’est l’enfer qui se révèle,
Sans mots, sans sons.
Un enfant assassiné,
C’est la terreur muette,
Une douleur sans verbe.
C’est l’envie de tout casser,
L’absence de tout espoir.
Un enfant ne peut être martyr
D’aucune cause, d’aucune vocation;
Il porte l’innocence,
Terrain vierge où poussent
Les forêts qui lui sont données à voir,
Les fleurs qui lui sont données à sentir.
L’enfer est ici.
Qu’imaginer encore de pire ?
Le paradis, c’est ici aussi,
Mon bébé dans mes bras assoupi.
Cela rend ces images insoutenables,
Atroces, insupportables.
Je pleure et je vais vomir mon café sur le sol du salon,
Mon nourrisson au bout du bras
Devant l'image de ces
Quarante-neuf enfants le corps en sang,
Les yeux ouverts perdus dans le vide,
Le regard absent,
Miroir
Nous renvoyant à nous-mêmes,
Spectateurs passifs de l’horreur.
Et me voici à désirer
La souffrance de ces hommes,
À imaginer les pires tortures
Qui jamais n’atteindront
Le centième de la douleur de toutes les mères
Qui hier encore berçaient ces petits corps à présent froids...
Elles aussi sont mortes, la gorge coupée,
... Parties avec leurs petits...
On n’est pas obligé de pardonner
Le massacre de l’innocence.
Si l’enfer est ici
Non, on n’est pas obligé de pardonner
Ces enflures
Aux sommets de ce monde
Qui se baladent en jet privé
De thé en café et de café en thé,
Révérences sordides,
Diplomatie stupide,
Pas de fric en jeu pas de guerre pour eux.
Il y a des actes au-delà de l’abjecte.
Qui sont ces assassins de vie ?
Que faire de ces hommes,
Outre leur infliger au moins le même sort ?
Je regarde mon bébé
Dans mes bras endormi.
J’aurais voulu ne jamais voir
Ces images ce matin mais voilà
Avaaz est dans la boîte...
Pas la force de transmettre le message...
Si je suis au paradis,
L’enfer, lui, est ici aussi.
C’est juste une question de chance
De ne pas être au mauvais moment
Au mauvais endroit.
Et je me dis que la chance tourne
Parfois.
Cette pensée se renforce encore plus
Car je crois en l’égalité intrinsèque des hommes
Et par conséquent,
Que tout reste possible, partout.
Fragile est le paradis.
En enfer, personne n’est à l’abri.
Quarante-neuf enfants le corps en sang,
Les yeux ouverts perdus dans le vide,
Le regard absent
Miroir
Nous renvoyant à nous-mêmes,
Spectateurs passifs de l’horreur.
Constance Cunha, 31 mai 2012.
Reçu pétition d'Avaaz pour prendre des mesures fermes face aux massacres pérpétrés en Syrie.
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